[Portrait] Marilyn Nicoud, Professeure en Histoire

Sur quoi portent vos recherches ?

Je travaille dans le domaine de l’histoire de la médecine et de la santé à l’époque médiévale. Mes recherches visent à saisir la place et le rôle qu’occupent la pensée médicale et les praticiens dans une histoire du corps, de la santé et de l’hygiène, à une échelle aussi bien individuelle que collective. A travers l’étude croisée d’une littérature savante produite dans les universités et les milieux de cours et l’examen d’archives qui touchent à des questions de santé publique, il s’agit d’éclairer la manière dont la santé a constitué une préoccupation majeure aussi bien des médecins que des individus et des pouvoirs politiques au Moyen Âge.

Quelle est votre actualité scientifique ?

En raison de l’actualité sanitaire, j’ai été sollicitée pour participer à diverses émissions radio qui s’interrogent sur les rapports entre l’épidémie de Covid-19 et les pandémies du passé, en particulier les épidémies de peste médiévales et moderne. J’ai publié un article « La peste et le covid-19 : même combat ? » dans la revue en ligne AOC-media (Analyse Opinion Critique) ; j’ai participé aux Midi-Histoire de Bercy sur les réactions politiques et médicales face à la peste en septembre ; je participe aux Rencontres d’histoire de Blois sur le thème Gouverner (table ronde de la revue l’Histoire, le 10 octobre) et aux émissions de France-Culture (Le Cours de l’histoire, mercredi 7 octobre ; Entendez-vous l’éco, vendredi 9 octobre), en lien avec les thèmes du gouvernement et des gestions épidémiques.

Pourquoi avez-vous choisi de travailler dans la recherche universitaire ?

Ayant toujours eu une appétence pour la recherche plus forte que pour l’enseignement, si cette question m’avait été posée en début de carrière, je vous aurais répondu préférer être chercheur au CNRS plutôt qu’enseignant-chercheur à l’université.

Toutefois, avec le temps, l’âge sûrement et certainement aussi en raison du caractère inédit de cette situation épidémique, j’apprécie de pouvoir transmettre et communiquer le fruit de mes recherches et de mes lectures avec des étudiants « en présentiel » comme on dit. L’enseignement m’apparaît comme un complément essentiel de cette activité de recherche en offrant une perspective de regard critique non seulement sur nos représentations des sociétés du passé, mais aussi sur la manière dont l’histoire nous aide à penser et comprendre le présent.

Quel conseil donneriez-vous aux étudiants qui souhaitent faire de la recherche ?

Mon principal conseil consiste en deux mots qui me semblent essentiels : plaisir et curiosité. Il est sans doute facile pour quelqu’un dont la carrière est pour partie derrière lui d’évoquer ces maîtres mots qui m’avaient été en leur temps livrés par Jacques Le Goff qui a dirigé mon DEA à l’EHESS. Si aujourd’hui la situation économique et les perspectives professionnelles sont susceptibles d’obérer l’enthousiasme des étudiants pour la recherche, ils me paraissent toutefois toujours d’actualité, un moteur essentiel dans la vie d’un chercheur et dans la vie tout court. 

Quel objet ou quelle image de votre recherche vous illustre le mieux ?

Le roi Louis VI dit le gros alité et entouré de ses médecins, une représentation assez stéréotypée de la pratique médicale à plusieurs confrères au lit des riches patients. Manuscrit enluminé des Grandes chroniques de France (Londres, British Library, ms Royal 16 G VI, copié vers 1332-1350 à la demande du duc de Normandie, futur roi de France, Jean II).